Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/172

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avait levé l’ancré et s’était mis en route, en abandonnant les religieux catholiques à la merci d’un insigne voleur.

L’eunuque Ma-Tang avait le projet de s’emparer des présents des missionnaires. Il proposa d’abord au P. Ricci de se charger de les faire parvenir lui-même à l’empereur. Son offre fut repoussée, et, après de longues contestations, l’eunuque fit embarquer de force les missionnaires avec leurs bagages à bord d’une jonque, et donna ordre de les conduire à Tien-Tsing, port célèbre peu éloigné de Péking, à l’embouchure du Péi-Ho. En même temps, il expédia à la cour une dépêche, par laquelle il prévenait le Fils du Ciel qu’il avait arrêté sur le canal Impérial des étrangers qui apportaient des présents, parmi lesquels on remarquait des cloches de diverses grosseurs, sonnant les heures d’elles-mêmes, des images semblables à des êtres vivants, et plusieurs autres choses précieuses venues de par delà les mers occidentales ; que lui, l’humble Ma-Tang, avait fait conduire ces étrangers au port de Tien-Tsing, pour y attendre les ordres de Sa Majesté.

Les infortunés missionnaires eurent à supporter dans ce port de mer les plus dures épreuves qu’ils aient jamais rencontrées en Chine. Loin de leurs amis et de leurs protecteurs, ils attendaient toujours vainement qu’il leur arrivât de la capitale quelque nouvelle favorable. L’eunuque Ma-Tang, persuadé que sa dépêche était complétement oubliée, et ne craignant plus de se compromettre, essaya d’effrayer ces pauvres étrangers et de les renvoyer clandestinement à Macao, par la voie de mer, afin de s’emparer ensuite de leur cargaison, qu’il convoitait avec tant d’ardeur. Pour