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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/179

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mal, qu’il adresserait à leur sujet une requête officielle à l’empereur, et qu’en attendant la réponse, il fallait se conformer aux rites, en allant loger au palais des ambassades étrangères.

Ce palais des ambassades étrangères est un immense établissement où sont casés, tant bien que mal, tous les individus des pays tributaires qui viennent à Péking, sous prétexte d’apporter des tributs ou des présents à l’empereur. Les chefs de ces sortes d’ambassades sont assez convenablement logés et traités ; mais le nombreux personnel qui les accompagne est entassé par chambrées, dans des réduits sans meubles, ou on leur distribue journellement une maigre ration de riz. Du reste, ces légions d’attachés d’ambassade sont pour le moins aussi bien là que dans leur propre pays.

Pendant que les PP. Ricci et Didacus étaient au palais des étrangers, il arriva une nombreuse légation de musulmans venus du nord du Thibet, de Ladak et de Kachemire. Ils portaient en tribut une quantité considérable de lapis-lazulli, de musc, de rhubarbe et de jade, sorte de pierre précieuse extrêmement dure dont les Chinois fabriquent une foule de bijoux, surtout des embouchures de pipe, des magots et des bracelets. D’après les renseignements que le P. Ricci put prendre auprès de ces Asiatiques, il se convainquit de plus en plus qu’il était bien dans l’empire du Catay et dans le Kambalu de Marco-Polo. Il écrivit même à ses confrères d’Europe de corriger les cartes de géographie, où l’on avait l’habitude, depuis peu d’années, de faire de la Chine et du Catay deux pays tout différents ; car on plaçait le Catay au