Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/178

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depuis longtemps se soustraire à la protection humiliante et dangereuse des eunuques, refusa de les suivre ; il préféra voir ses intérêts entre les mains des magistrats.

Le lendemain, les PP. Ricci et Didacus furent conduits par le chef du Ly-Fan-Yuen en présence du président de la cour des rites, qui les reçut avec beaucoup de sévérité. — Je suis président du Ly-Pou, leur dit-il, et par conséquent chargé des affaires des étrangers. Vous avez manqué aux lois fondamentales de l’empire, en faisant parvenir vos offrandes à l’empereur par le moyen des eunuques. Depuis que vous êtes ici, vous ne voyez que des eunuques et vous méprisez mon autorité. Une telle conduite est subversive des rites et doit être sévèrement réprimée… — Le P. Ricci lui répondit : Nous sommes pénétrés de respect et de soumission pour la cour des rites ; mais nous avons été malgré nous circonvenus par les eunuques. Peut-on s’étonner qu’il nous ait été impossible de nous soustraire à leur domination, alors que les plus grands dignitaires de l’empire sont forcés de la subir ? Depuis que nous sommes ici, nous avons toujours été occupés au palais par ordre de l’empereur ; nous désirions nous présenter à la cour des rites, et les eunuques nous en ont empêchés. Il nous semble, d’ailleurs, que nous ne devons pas être traités comme des étrangers, attendu que depuis plusieurs années nous avons vécu en diverses provinces de l’empire, que nous observons vos lois et vos usages, que nous portons votre costume et que nous parlons votre langage. — Le président fut content de cette réponse. Il dit aux missionnaires qu’il ne leur serait fait aucun