Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/18

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quit spontanément un arbre dont le lois répandait un parfum exquis, et dont chaque feuille portait, gravé sur son disque, un caractère de la langue sacrée du Thibet[1]. Dès lors Tsong-Kaba vécut dans une si grande retraite, qu’il fuyait même jusqu’à la présence de ses parents. Il se retirait au sommet des montagnes les plus sauvages, au sein des plus profonds ravins, et passait les jours et les nuits dans la prière et la contemplation des choses éternelles ; ses jeûnes étaient longs et fréquents. Il respectait la vie des plus petits insectes, et s’interdisait rigoureusement l’usage de toute espèce de viande.

Pendant que Tsong-Kaba s’occupait ainsi à purifier son cœur par l’assiduité à la prière et les pratiques d’une vie austère, un lama, venu des contrées les plus reculées de l’Occident, passa par hasard dans le pays d’Amdo, et reçut l’hospitalité sous la tente de Lombo-Moke. Tsong-Kaba, émerveillé de la science et de la sainteté de l’étranger, se prosterna à ses pieds et le conjura de lui servir de maître. Les traditions lamaïques rapportent que ce lama des contrées occidentales était remarquable non-seulement par sa doctrine, dont la profondeur était insondable, mais encore par l’étrangeté de sa figure. On remarquait surtout son grand nez, et ses yeux qui brillaient comme d’un feu surnaturel. L’étranger étant également frappé des qualités merveilleuses de Tsong-Kaba, ne balança point à le prendre pour son disciple. Il se fixa donc dans le pays d’Amdo, où il ne vécut que quelques

  1. Voir ce que nous avons dit sur cet arbre dans le Voyage au Thibet, t. II, p. 114.