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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/19

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années. Après avoir initié son disciple à toutes les doctrines admises par les saints les plus renommés de l’Occident, il s’endormit sur une pierre, au sommet d’une montagne, et ses yeux ne se rouvrirent plus.

Tsong-Kaba, privé des leçons du saint étranger, n’en devint que plus avide d’instruction religieuse. Il ne tarda point à prendre la résolution d’abandonner sa tribu, et de s’en aller jusqu’au fond de l’Occident puiser à la véritable source les purs enseignements de la doctrine. Il partit un bâton à la main, seul et sans guide, mais le cœur plein d’un courage surhumain. Il descendit d’abord directement vers le sud, et parvint, après de longues et pénibles courses, jusqu’aux frontières de la province du Yun-Nan, tout à fait à l’extrémité de l’empire chinois. Là, au lieu de suivre la même direction, il remonta vers le nord-ouest, en longeant les bords du grand fleuve Yarou-Dsangbo. Il arriva enfin devant la capitale du Thibet ; et comme il se disposait à continuer sa route, un Lha (esprit), tout resplendissant de lumière, l’arrêta et lui défendit d’aller plus loin. — Ô Tsong-Kaba, lui dit-il, toutes ces vastes contrées appartiennent au grand empire qui t’a été accordé. C’est ici que tu dois promulguer les rites et les prières. C’est ici que s’accomplira la dernière évolution de ta vie immortelle.

Tsong-Kaba, docile à cette voix surnaturelle, entra dans le pays des esprits (Lha-ssa), et choisit une pauvre demeure dans le quartier le plus solitaire de la ville.

Le religieux de la tribu d’Amdo ne tarda point à s’attacher des disciples. Bientôt sa doctrine nouvelle et les rites inconnus qu’il introduisait dans les cérémonies lamaïques, ne manquèrent pas de causer quel-