Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/187

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à voir marcher les aiguilles sur le cadran. C’était à coup sûr le plus heureux potentat de la terre. Mais, selon un vieux proverbe chinois, « Les hommes meurent, et les choses dépérissent : – Jen-You-Sse ; Ou-You-Houaï. » Or il arriva que les horloges, à force d’aller, s’arrêtèrent, et les eunuques qui étaient préposés à leur marche ne surent plus que devenir. Sa Majesté Impériale étant plongée dans la tristesse, on envoya chercher le P. Ricci, dans l’espoir qu’il pourrait rendre le mouvement aux horloges, et, du même coup, la félicité au Fils du Ciel. Le P. Ricci calma les inquiétudes mortelles de la cour, et après avoir nettoyé les rouages des tse-ming-tchoung, les aiguilles se remirent en marche et les cloches sonnèrent, à la plus vive satisfaction de l’empereur, des eunuques, des dames d’honneur, de tous les habitants du palais. Dès lors, afin d’obvier au retour d’une semblable calamité, il fut décrété que les missionnaires auraient leur entrée libre à la cour, pour surveiller l’entretien des horloges. Cette nouvelle faveur fit grand bruit dans Péking et augmenta encore la considération dont les jésuites étaient entourés.


V.


Pendant que la mission de Péking développait ses œuvres avec calme et indépendance, celles de Nanking, de Nan-Tchang-Fou et de Tchao-Tcheou, après avoir langui durant quelques années au milieu de l’indifférence ou du mauvais vouloir des populations,