Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/186

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maladie affreuse qui allait le conduire au tombeau ; son état était désespéré. Un habile médecin vint à passer par cet endroit ; il vit le malade, et dit à ses parents et à ses amis, qui fondaient en larmes : La mort de cet infortuné est imminente ; mais je possède un remède infaillible, et je promets de le guérir. — Le remède le remède ! s’écria-t-on aussitôt ; vite, docteur, le temps presse ; donnez-nous ce remède. — Non, reprit le médecin, je vais retourner chez moi et j’écrirai en beau langage, en magnifiques caractères, la recette qui doit guérir le moribond. — Peu nous importe une belle recette, s’écrièrent les parents et les amis du malade, c’est le remède qu’il nous faut, sans retard… — Ce malade, ajouta l’académicien, c’est la nation centrale, dont la santé a été détruite par les drogues des bonzes et des docteurs de la raison ; vous, maître, vous possédez le remède, vous avez la doctrine qui nous peut guérir ; donnez-nous au plus tôt cette doctrine ; pourquoi vous préoccuper de l’exprimer en beau langage ? L’apologue plut au P. Ricci qui s’empressa de publier son catéchisme, dont la première ligne est la solution de ce grand problème : « Pourquoi as-tu embrassé la religion ? Pour honorer Dieu et sauver mon âme. » Confucius et tous les sages de l’antiquité n’avaient pas même soupçonné cette vérité à la fois si simple et si sublime.

L’empereur de la Chine, ce puissant monarque qui tenait sous sa domination plus de trois cent millions d’hommes, sans compter les peuples tributaires, était toujours dans une merveilleuse admiration en présence de ses tse-ming-tchoung. Enfermé au fond de son palais, il se délectait à entendre sonner les heures et