Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/196

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VI.


Ces étrangers que d’indignes bateleurs cherchaient à livrer au mépris et à la risée de la multitude, avaient pourtant triomphé, à force de zèle et de persévérance, des nombreuses oppositions qu’ils avaient rencontrées dans l’empire chinois. L’Europe et le christianisme commençaient enfin à être connus de ces populations qui, jusqu’alors, n’avaient voulu croire qu’à elles-mêmes. Les missions de Tchao-Tcheou, de Nan-Tchang-Fou, de Nanking et de Péking étaient comme quatre grands phares d’où la lumière de l’Évangile rayonnait déjà sur les provinces du nord et du midi. Les missionnaires composaient et imprimaient avec activité des catéchismes, des apologies de la religion, des livres de science et de géographie qui se répandaient de tous côtés. Les lettrés et les hommes du peuple les lisaient avec une avide curiosité, et les Chinois, nourris dans les vieilles idées de leur civilisation antique, tombaient dans l’étonnement le plus profond, en apprenant qu’il existait sous les cieux, par delà les mers occidentales, de grandes nations où les arts, les sciences et les lettres étaient en honneur, et dont la doctrine religieuse sur la Divinité et l’âme humaine surpassait les notions de leurs anciens philosophes. La plupart, il est vrai, se bornaient à constater cette curieuse nouveauté, se repliaient ensuite sur eux-mêmes et laissaient là le christianisme, sous prétexte que cette religion, sans doute fort belle et excellente, n’était pas chinoise,