Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/208

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Les Portugais de Macao étaient dans la situation la plus critique. Non-seulement leur commerce avec les Chinois avait cessé, mais ils étaient encore menacés de mourir de faim, car Macao étant un rocher stérile, les habitants de la colonie n’ont pour s’alimenter d’autres ressources que les provisions apportées par les Chinois de Hian-Chan et de Canton. Les autorités portugaises prirent donc le parti d’envoyer à Canton une très-humble ambassade, pour exposer au vice-roi combien ils étaient éloignés des vues ambitieuses qu’on leur supposait. Il ne leur fut pas difficile de prouver qu’une poignée de marchands ne pouvait songer à s’emparer de l’Empire Céleste. Il y eut dès lors un rapprochement, et il fut permis à quelques Chinois de retourner à Macao à titre d’essai et pour examiner les affaires sur les lieux mêmes.

Aussitôt que la nouvelle de cette réconciliation circula dans la ville de Canton il y eut parmi le peuple un mouvement séditieux, car on se plaignait amèrement que, sur un vain prétexte, le Haï-Teou, ou grand chef maritime, eût fait abattre tant de maisons. On réclamait à grands cris des indemnités, on voulait enchaîner le Haï-Teou et l’envoyer à Péking pour y être jugé et condamné. Celui-ci soutenait, pour se tirer d’embarras, qu’on n’avait pas cédé à une vaine terreur, et que les étrangers avaient réellement le projet de bouleverser l’empire et de renverser la dynastie. Sur ces entrefaites arrive à Canton le frère Martinez, de la mission de Nan-Tchang-Fou. Ce jeune Chinois, natif de Macao, avait fait ses études au collége pour entrer dans l’état ecclésiastique. Après avoir reçu les premiers ordres, il avait été envoyé dans l’in-