Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le traînait au tribunal du vice-roi, il expira sur la voie publique, le 31 mars 1606, à l’heure même ou le Sauveur des hommes était mort sur la croix pour le salut du monde.

Les craintes d’une invasion étrangère ne s’étaient pas encore apaisées. Le vice-roi commanda au généralissime des troupes de la province de mettre sur pied son armée et d’aller faire le siége de Macao. Le prudent généralissime, avant de se mettre en campagne, jugea à propos d’envoyer un de ses lieutenants visiter officiellement la colonie portugaise et examiner l’état des affaires. Ce haut fonctionnaire, homme sage et modéré, s’acquitta sincèrement de sa mission. En arrivant à Macao, il se rendit au collége des jésuites, où il demanda à voir ce redoutable Ko-ti-niou qui aspirait à devenir empereur du Céleste Empire. Le P. Cataneo, qui avait une physionomie assez débonnaire, lui fit visiter la maison, afin de bien le convaincre que ce n’était pas un arsenal rempli de munitions et de machines de guerre… Voilà, dit-il en lui montrant les livres de la bibliothèque, les armes avec lesquelles j’ai le projet de soumettre l’empire. — Le mandarin sourit et ne parut pas très-effrayé. L’ayant ensuite introduit dans la salle d’étude, où il y avait quelques séminaristes silencieusement occupés à lire et à écrire : Voilà, dit-il, l’armée qui doit combattre sous mes ordres et m’aider à monter sur le trône impérial. — Le lieutenant fut tout à fait rassuré. Après avoir visité les églises, les monastères et les divers établissements de Macao, il s’en retourna à Canton, bien convaincu que l’histoire de cette formidable et prochaine invasion n’était qu’un roman. Ayant rendu