Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/22

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supérieurs portent en voyage ou lorsqu’ils font quelque cérémonie hors du temple ; l’office à deux chœurs, la psalmodie, les exorcismes, l’encensoir soutenu par cinq chaînes, et pouvant s’ouvrir et se fermer à volonté ; les bénédictions données par les lamas en étendant la main droite sur la tête des fidèles, le chapelet, le célibat ecclésiastique, les retraites spirituelles, le culte des saints, les jeûnes, les processions, les litanies, l’eau bénite, et une foule enfin d’autres particularités liturgiques en usage chez les bouddhistes comme chez nous. Tous ces rapports sont évidemment d’origine chrétienne.

À l’époque où les patriarches bouddhistes s’établirent dans le Thibet, toutes les contrées de la haute Asie étaient remplies de chrétiens. Nous avons vu que les missionnaires catholiques avaient fondé de nombreuses et florissantes missions en Chine, en Tartarie, dans le Turkestan et jusque parmi les tribus nomades du Thibet, qui furent évangélisées par Odéric de Frioul. Les religieux portaient avec eux, dans leurs courses apostoliques, des ornements d’église. Ils célébraient les cérémonies de la religion devant les princes mongols. Ceux-ci leur donnaient asile dans leurs tentes, permettaient qu’on élevât des chapelles jusque dans l’enceinte de leurs palais, et purent ainsi admirer le pompeux appareil du culte chrétien. Il est constant, d’autre part, que les envoyés des conquérants mongols visitèrent plusieurs fois la capitale du monde chrétien, et assistèrent au second concile œcuménique de Lyon, en 1274. Ces barbares durent être singulièrement frappés de l’éclat du culte catholique, et ils en emportèrent dans leurs déserts des souvenirs ineffaçables.