Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/221

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suivre leur route jusqu’au Cathay devaient s’arrêter là quelque temps et organiser une nouvelle caravane. Le roi du pays avait le monopole de ces sortes d’expéditions. Il vendait à très-haut prix le titre de chef de caravane, ou plutôt d’ambassadeur. Celui qui avait acheté ce privilège avait le pouvoir de commander aux autres voyageurs et de diriger la marche de la caravane. Dans le Cathay, il était traité avec honneur et distinction, et jouissait de certaines franchises commerciales.

C’est de cette contrée qu’on retire le jade, sorte de pierre précieuse très-estimée des Chinois, et qui joue un très-grand rôle dans leur bijouterie. Ils taillent avec un goût exquis et une patience inouïe cette pierre d’une dureté extrême, et dont ils fabriquent cependant des magots, des vases, des bracelets, des boucles de ceinture, des bagues, des pipes, une foule d’objets de luxe et de fantaisie que les riches chinois achètent à un prix très-élevé. Le jade le plus précieux est celui qu’on retire des rivières, où on le trouve en forme de gros cailloux. Celui de qualité inférieure est extrait d’une montagne éloignée de la ville de plus de vingt journées de marche. Ceux qui vont exploiter dans le désert ces carrières de marbre sont obligés d’emporter des vivres pour toute l’année, car dans ces solitudes arides on ne trouve aucune provision. Le jade des montagnes est taillé en grandes lames, et c’est ainsi qu’on le transporte dans le Cathay.

Pendant que les marchands de l’Inde travaillaient à organiser une nouvelle caravane, le P. Goès alla faire une excursion du côté des carrières de jade, non pas par esprit de curiosité, mais pour recouvrer une