Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/224

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une. Il témoigna donc peu d’empressement, fit même bientôt tant de difficultés, que le capitaine eut recours à l’intervention du roi pour le décider à se mettre en route. Il consentit enfin à faire le voyage, mais à condition que le roi lui donnerait des lettres spéciales de protection pour toute l’étendue de ses États.

Les amis que le P. Goès s’était fait durant son long séjour à Yarkand cherchèrent à le dissuader d’entreprendre un si périlleux voyage. Ils lui firent un tableau effrayant des dangers inévitables auxquels il s’exposait. À les entendre, il avait mille chances de périr, tué par le froid, par la faim ou par le fer des brigands ; ils lui prédisaient même qu’il serait assassiné par ses compagnons de route, musulmans fanatiques, qui n’auraient pas la patience de voyager longtemps avec un chrétien. Toutes ces considérations furent incapables d’ébranler le courage du P. Goès. Il avait promis de rejoindre ses confrères de Péking, de voir de ses propres yeux si le Cathay de Marco-Polo n’était pas la Chine des Portugais. Il devait donc aller jusqu’au bout de son entreprise ; la mort seule pouvait l’arrêter.

La caravane se mit en route et ne tarda pas à s’enfoncer dans ces steppes immenses de la Tartarie, où la solitude la plus profonde avait remplacé le long et terrible fracas des grandes guerres de Tchinguiz-Khan. Nous ne nous arrêterons pas à décrire les bizarres ou douloureuses péripéties d’une semblable pérégrination. Nous avons essayé ailleurs de faire le tableau des épreuves et des misères que le voyageur rencontre à chaque pas dans ces contrées inhospitalières.

Un jour que la caravane cheminait lentement dans