Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/232

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et de l’agriculture. Tout le confortable de la civilisation avait remplacé la vie sauvage et aventureuse du désert. Malgré cette notable transformation, le temps du calme et du repos n’était pas encore arrivé. Goès n’avait plus à craindre, il est vrai, d’être arrêté dans sa marche par les montagnes et par les fleuves, ou de se voir audacieusement attaqué et détroussé par les brigands, mais il était à la merci d’une bande de voleurs aux manières élégantes et polies, qui allaient essayer de le piller adroitement et de lui créer mille petites difficultés pour l’empêcher d’arriver au terme de son voyage.

Kia-yu-Kouang était le rendez-vous de tous les étrangers qui allaient par terre dans le Céleste Empire. Cette grande ville était, comme aujourd’hui Khiaktha du côté de la Sibérie, divisée en deux parties distinctes ; dans l’une résidaient les Chinois, et dans l’autre les étrangers. Pendant le jour on se réunissait pour trafiquer et traiter les affaires, et aussitôt que le soleil était couché, chacun se retirait dans sa ville. L’ambition des marchands étrangers était de traverser l’empire, d’aller vendre leurs marchandises à Péking et de rapporter au retour des produits chinois. Les ambassades seules avaient le droit de faire ce voyage ; elles étaient défrayées en route, hébergées gratuitement dans la capitale et dispensées des frais de douane, parce qu’elles étaient censées apporter le tribut à l’empereur. Aussi tous les marchands de l’Asie qui se rendaient à Kia-yu-Kouang cherchaient-ils à s’organiser en ambassades pour profiter de ces nombreux priviléges. Les mandarins chinois ne demandaient pas mieux que d’entrer dans leurs vues, pourvu qu’on les payât