Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/235

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curité, il valait mieux l’envoyer prendre par un confrère chinois que par un Européen.

Le frère Ferdinand se mit en route pour la province du Kan-Sou, et il chemina avec assez de célérité jusqu’à Si-ngan-Fou, capitale du Chan-Si. Là un des néophytes qui l’accompagnaient se sauva, sans qu’on pût se mettre sur ses traces, et comme il était plus chinois que chrétien, il avait emporté la bourse de la communauté. Sans argent il n’est pas aisé de voyager, surtout en Chine, où l’hospitalité est très-peu en honneur. Le frère Ferdinand dut donc s’ingénier, et à force de patience, de mortifications et de savoir-faire, il arriva à Sou-Tcheou vers la fin de mars 1607. il y avait près de quatre mois qu’il était parti de Péking.

Le P. Goès n’avait pu résister plus longtemps à ce long enchaînement de souffrances et de tribulations. Le frère Ferdinand le trouva étendu sur un grabat, épuisé par une cruelle maladie et prêt à rendre le dernier soupir. L’Arménien Izaac, toujours plein de dévouement pour son maître, était à ses côtés, plongé dans une amère désolation. Aussitôt que le moribond entendit qu’on le saluait en portugais, qu’on lui parlait de ses confrères de Péking, il sembla se réveiller d’une profonde léthargie, et ses forces se ranimèrent peu à peu. Cette langue de la patrie, qui résonnait à son oreille, était comme un rayon de soleil qui avait pénétré dans son âme pour l’illuminer et la vivifier. Ferdinand lui ayant présenté la lettre du P. Ricci, il la lut, avec une douce émotion, puis lorsqu’il eut fini, il versa d’abondantes larmes, des larmes de joie et de consolation. Les détails qu’il venait de lire sur les succès apostoliques de ses frères allégèrent ses souf-