Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/238

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vrai Dieu un grand nombre de Chinois. Son corps fut transporté à Macao pour être enseveli dans la sépulture des jésuites, au collége de cette ville. Ceux qui furent chargés de conduire le cercueil eurent à endurer en route des peines et des difficultés, comme si on eût été au temps d’une persécution générale. Chose étrange, pendant même que les missionnaires étaient publiquement établis sur plusieurs points de l’empire et qu’ils étaient connus de tout le monde, des mandarins comme du peuple, jamais ils ne jouissaient d’une paix parfaite et assurée. Quoique protégés ouvertement par les premiers magistrats, ils avaient toujours à lutter contre des ennemis qui apparaissaient soudainement au moment où on s’y attendait le moins. La classe des lettrés ruinés et affamés était celle qui se montrait la plus hostile.

Le nombre des bacheliers est très-considérable en Chine mais faute de ressources, soit pécuniaires, soit intellectuelles, il en est très-peu qui puissent parvenir aux grades supérieurs, et par suite aux fonctions publiques. Ceux qui sont dans l’aisance jouissent à loisir du bonheur incomparable de porter un globule doré au haut de leur bonnet et de se distinguer ainsi de la foule. Ils aiment les réunions, les parades et les cérémonies publiques, où ils se font ordinairement remarquer par un grand étalage de prétentions. Quelquefois ils s’occupent de littérature par désœuvrement, composent quelques petits romans ou des pièces de poésie, qu’ils lisent à leurs confrères, dont les éloges ne tarissent jamais, à condition, bien entendu qu’on leur rendra la pareille.

Quant aux lettrés pauvres et sans emploi, ils forment