Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/242

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offices se faisaient avec pompe et attiraient tous les Chinois distingués de la ville. Le docteur Paul exerçait par sa haute position, et surtout par sa science et sa vertu, une si grande influence sur ses concitoyens, que sa maison devint bientôt le centre d’une chrétienté florissante. Deux siècles et demi plus tard, en 1850, nous avons eu occasion de visiter les descendants de cette illustre famille… Quelle triste et douloureuse transformation ! Nous les trouvâmes obstinés dans l’apostasie et plongés dans la misère la plus abjecte. Nous aurons à en parler dans la suite de cette histoire.

Les ouvriers évangéliques répandus dans l’Empire Céleste travaillaient tous avec ardeur et dévouement à la mission qui leur avait été confiée mais on peut dire que l’œuvre entière de la propagation de la foi reposait plus particulièrement sur le P. Ricci. Ses relations avec la cour et les grands dignitaires de l’empire exerçaient une immense influence sur tous les succès que ses confrères obtenaient à Schang-Hai, à Nanking, à Nan-Tchang-Fou, à Tchao-Tcheou et à Péking. Dans tous les démêlés que les missionnaires avaient avec les mandarins, ils n’avaient qu’à prononcer le nom de Ly-Ma-Teou (Matthieu Ricci), et les difficultés cessaient. On redoutait de faire de l’opposition à des hommes qui avaient à Péking un si puissant protecteur. Mais ce n’était pas seulement par l’influence de sa position que le P. Ricci faisait prospérer les missions de Chine, il était lui-même le missionnaire le plus actif et le plus infatigable. Catéchiser les catéchumènes, exhorter les néophytes, instruire les infidèles, étaient ses occupations de tous les jours.