Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/244

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abandonnez ? — Oui, répondit-il, je vous laisse devant une porte ouverte à de grands mérites, mais non sans beaucoup de travaux et de périls… » Le 11 mai 1610, il rendit tout doucement son âme à Dieu, à l’âge de cinquante-huit ans.

La mort du P. Ricci fut un grand deuil pour toutes les missions de Chine. Les néophytes de Péking le pleurèrent amèrement, car ils sentaient qu’ils venaient de perdre un père qui les avait engendrés à la foi chrétienne, qui les avait aimés de toute son âme et de toutes ses forces. La ville tout entière sembla prendre part à leur douleur ; dans les rues on n’entendait que ces paroles. « Le saint de l’Occident a salué le siècle… Le grand saint est monté au ciel… » Les mandarins civils et militaires, les lettrés, les membres de l’Académie des Han-Lin, les hauts dignitaires des cours souveraines, tous se pressèrent aux funérailles de cet illustre missionnaire pour rendre hommage à sa vertu et à sa science. Son corps fut déposé dans un magnifique cercueil. Un riche néophyte en fit les frais, et on le conserva, selon l’usage chinois, dans une salle de la résidence des missionnaires, en attendant l’époque de la sépulture.

Les corps des missionnaires morts dans les provinces méridionales avaient été transportés à Macao pour être ensevelis dans la maison des jésuites. Péking était trop éloigné de la colonie portugaise ; on désirait d’ailleurs conserver en Chine même les reliques du vaillant apôtre qui avait été le fondateur de la mission. On pensait donc à acheter un champ aux environs de la capitale pour y élever une tombe à sa mémoire, lorsqu’on eut l’heureuse inspiration d’a-