Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/245

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dresser une requête à l’empereur et de lui demander un peu de terrain pour y déposer les restes de ce religieux de l’Occident, dont il avait su apprécier les mérites. Le P. Pantoja, aidé de quelques lettrés chrétiens, rédigea cette requête, qui nous a été conservée, et dont voici la traduction :

« L’humble Jacques Pantoja, sujet du royaume du grand Occident, offre une respectueuse requête en faveur d’un autre sujet du royaume étranger, maintenant décédé.

« Je demande très-humblement à Votre suprême Clémence un lieu pour sa sépulture, afin que votre munificence impériale s’étende à tout le monde et embrasse les étrangers des régions les plus reculées. Ayant été ému par l’éclat et la renommée du très-noble et très-céleste Empire, j’ai employé trois années entières à passer les flots de la mer, parcourant plus de six mille lieues de chemin avec des fatigues et des dangers perpétuels. Enfin la vingt-huitième année du règne de Wan-Lié, dans la douzième lune, nous sommes arrivés à la cour avec Matthieu Ricci, et il nous a été permis d’offrir quelques petits présents de nos contrées. Depuis ce temps la faveur impériale nous a fait accorder une pension alimentaire. Les sentiments de votre gratitude ne peuvent être contenus dans notre cœur, et nous ne saurions reconnaître, même par l’effusion de notre sang, un bienfait si signalé.

« La vingt-neuvième année de Wan-Lié, nous avons présenté une humble requête, demandant une résidence afin de faire éclater au grand jour la miséricorde impériale à l’égard des étrangers. Il y a plu-