Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/26

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le lendemain, après avoir entendu la messe, où ils communièrent avec une grande foi, ils s’en retournèrent à Lisbonne, en ordre de procession, tenant chacun un cierge à la main, chantant des hymnes et des psaumes, accompagnés de prêtres, de religieux et d’un immense concours de peuple que la nouveauté du spectacle avait attiré de toutes parts. Ces hommes étaient Vasco da Gama et ses compagnons, se préparant à affronter les périls d’une navigation inconnue. Diaz avait donné une idée si terrible du cap des Tourmentes, qu’on regardait tous ces pauvres marins comme autant de victimes conduites à un naufrage presque inévitable ; en les accompagnant, on s’imaginait assister à leur convoi funèbre ; la foule fondait en larmes, en voyant cette belle et vigoureuse jeunesse dire adieu à la patrie pour courir à un trépas assuré.

Ces argonautes chrétiens furent ainsi conduits jusqu’au port. Là, s’étant mis à genoux, ils reçurent de nouveau l’absolution générale, comme pour mourir. Ils s’embarquèrent ensuite au milieu des cris et des lamentations de tout un peuple, qui ne pouvait s’arracher du rivage. Enfin, ces hardis navigateurs, ayant mis à la voile par un vent favorable, disparurent dans l’immensité des mers[1].

Un an s’était à peine écoulé que Vasco da Gama avait déjà arboré sur la côte de Malabar la croix du Christ et le pavillon portugais. Il ne fut pas peu surpris de trouver dans cette contrée des églises avec de nombreux chrétiens. Les missions nestoriennes, fondées

  1. Lafitau, Histoire des découvertes et conquêtes des Portugais dans le nouveau monde, t. I, p. 50.