Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/27

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dans l’extrême Orient dès les premiers siècles de l’Église, étaient encore florissantes, et à la même époque où Vasco da Gama débarquait sur la côte de Malabar, pour former à Goa le premier établissement européen, le patriarche Élie envoyait quatre évêques aux Indes et à la Chine ; c’étaient Thomas, Jaballah, Denha et Jacob, tous religieux du monastère de Saint-Eugène, en Mésopotamie ; ils partirent en 502[1], et, par une coïncidence assez singulière, ils arrivèrent aux Indes précisément au moment où la puissance portugaise cherchait à s’établir dans le pays. Ils furent témoins de leurs premières luttes, et il est curieux d’en retrouver les détails dans une lettre qu’ils adressèrent à leur patriarche et qui nous a été conservée dans la bibliothèque orientale du savant maronite Assémani. Nous reproduisons ce document, comme un précieux spécimen des relations des missionnaires nestoriens[2].

« À notre patriarche, à qui a été donné, au ciel et sur la terre, la puissance de paître les troupeaux du Christ ; heureux peuple, à qui il a été accordé d’avoir un tel prélat ! À Mar Élie, patriarche catholicos de l’Orient… que le Seigneur le fortifie, l’environne d’honneur et de magnificence pour la gloire de la religion chrétienne et l’exaltation des Églises… Amen !

« Vos humbles serviteurs et bien imparfaits disciples, les pèlerins Mar Jaballah, et Mar Thomas, et Mar Jacob, et Mar Denha, hommes pleins d’infirmités et de misères, adorent l’escabeau de vos pieds purs et saints. Au milieu de leur indigence, ils demandent le

  1. Assémani, Bibl. orient., t. III, part. 1a, p. 593}}
  2. Assémani, t. II, p. 488.