Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/268

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fût apaisée. Le docteur Léon, qui était à deux journées de Nanking, accourut aussi de son côté ; il fit imprimer et circuler dans la ville une apologie de la religion chrétienne et de ses ministres ; il y adressait aux chrétiens de chaleureuses exhortations pour les temps de persécution.

La nouvelle des dangers qui menaçaient les missions se répandit bientôt parmi les néophytes et excita partout une vive émotion. On les voyait s’agiter, aller et venir pour se communiquer leurs craintes et leurs espérances ; ils redoublaient de prières et se préparaient par la réception des sacrements à la lutte peut-être sanglante qu’ils allaient soutenir. L’un d’eux, plein de courage et d’énergie, fit arranger, comme si la guerre eût été déjà déclarée, quatre étendards qu’il arbora au-dessus de la porte de sa maison. Sur chacun d’eux il avait fait peindre séparément, en gros caractères, son nom de famille, son nom de baptême, sa qualité de Chinois et son titre de chrétien. Il voulait par là encourager ses frères et se prémunir lui-même contre tout sentiment de pusillanimité.

Trois mois s’étaient écoulés sans qu’il fût fait aucune réponse à la requête de l’assesseur. Ce fougueux dénonciateur, au lieu de se décourager, en composa une seconde plus violente que la première, engagea un de ses confrères de la cour des rites d’en écrire une autre de son côté et de la joindre à la sienne, pour qu’elles fussent présentées ensemble à l’empereur. Un membre du bureau des mathématiques, qui avait eu des rapports d’amitié et de science avec les missionnaires, ayant entendu parler de ces complots, se procura une copie des deux nouvelles requêtes et