Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/267

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les nouveaux convertis cinq onces d’argent, qu’on les couchait sur un registre sous des noms étrangers et inconnus, qu’on les formait à tracer sur le front un caractère particulier qui devait être un signe de reconnaissance et de ralliement au moment de l’insurrection, qu’enfin leurs maisons étaient remplies d’armes et de munitions.

Le mandarin Kio-Tchin recueillit avec soin toutes ces insinuations, et en composa un mémoire à la fois violent et perfide qu’il adressa à l’empereur le mois de mai 1616, en sa qualité d’assesseur de la cour des rites ; il insistait sur l’introduction frauduleuse d’une religion contraire aux croyances des ancêtres et des sages de l’antiquité, et il concluait qu’il fallait mettre à mort les missionnaires et leurs partisans avant que leur nombre et leur force ne s’accrussent dans l’empire.

Ce mémoire, quoique présenté à l’empereur fort secrètement, ne demeura pas inconnu aux chrétiens. Un mandarin, ami de l’assesseur Kio-Tchin et du docteur Michel, en informa ce dernier, qui s’empressa d’en instruire les missionnaires et de leur donner des conseils sur la conduite qu’ils avaient à tenir pour conjurer l’orage qui grondait sourdement sur la mission. Il écrivit lui-même à plusieurs mandarins influents et à l’assesseur lui-même pour détruire les fausses accusations qu’on pouvait alléguer contre les chrétiens et leur doctrine, sans toutefois témoigner avoir aucune connaissance du mémoire qui avait été présenté à l’empereur. Dans son dévouement plein de sollicitude pour les missionnaires, il les invita tous à se retirer, en cas de danger, dans sa maison de Han-Tcheou-Fou, et d’y attendre, à l’abri de sa protection, que la tempête