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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/270

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les provinces l’ordre d’arrêter les missionnaires et de les mettre en prison. « Qui ne s’estonnera, dit le P. Semedo, du changement de ce peuple estourdy, et qui pourra concevoir comment trois des premiers mandarins ayent pu concerter la ruine de ceux que tout le royaume avait eu en admiration, et que la pluspart des doctes avoient honoré de leurs visites et de leurs recommandations sçachant très-bien d’ailleurs que les accusations formées contre eux n’estoient que pures calomnies[1] ? »

L’ordre parti de Péking le 20 août parvint à Nanking dans la nuit du 30. Les missionnaires allèrent aussitôt à l’église se prosterner aux pieds des autels et offrir à Dieu le sacrifice de leur vie ; ils enlevèrent ensuite les images et les vases sacrés que l’on cacha dans la maison d’un chrétien. Au point du jour, les PP. Lombard, supérieur général de la mission, et Jules Léni partirent en toute hâte pour Péking, afin de rémedier par leurs démarches à ce subit désastre. Les PP. Alphonse Vagnon et Alvarez Semedo attendirent dans la maison que les satellites se présentassent pour exécuter la sentence de l’empereur. Trois mandarins ne tardèrent pas à arriver ; ils signifièrent aux missionnaires qu’ils avaient ordre de les chasser de l’empire ; bientôt ils furent suivis d’une bande de soldats qui envahirent la maison et en gardèrent toutes les issues. On procéda à l’inventaire des meubles et on y apposa le sceau officiel. Le P. Alvarez Semedo, qui était alors malade, fut laissé dans une chambre bien fermée avec une sentinelle à la

  1. Alvarez Semedo, p. 307.