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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/271

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porte, et le P. Vagnon fut porté en litière au tribunal de l’assesseur de la cour des rites, au milieu des flots de la populace qui faisait retentir les airs de vociférations et de grossiers outrages. La foule était si compacte que les satellites ne pouvaient s’ouvrir un chemin qu’à coups de bambous et de rotins.

Les chrétiens de Nanking firent éclater en ce moment d’épreuves leur ferveur et leur dévouement ; dès qu’ils surent l’emprisonnement du P. Vagnon, ils coururent à la résidence des missionnaires, afin de rendre publiquement témoignage de leur foi et protester de leur sympathie pour leurs pères spirituels. On remarqua surtout l’intrépidité de Jean Yao, qui marchait à la tête du cortège, tenant d’une main un drapeau indiquant son nom et sa qualité de chrétien, et de l’autre une grande pancarte où étaient écrits en gros caractères les commandements de Dieu et de l’Église. Les satellites, étonnés de la nouveauté de ce spectacle, lui demandèrent où il courait ainsi et ce qu’il prétendait faire. — Je viens pour mourir, répondit-il avec calme et dignité, je viens pour verser mon sang avec mes pères. — Les satellites lui lièrent aussitôt les mains, lui mirent une chaîne au cou et le traînèrent au tribunal. Les mandarins lui ayant demandé qui il était, il répondit, toujours avec le même sang-froid qu’il était chrétien et tout prêt à rendre raison de sa foi, si on voulait bien l’entendre. Une telle assurance, peu commune en Chine en présence des magistrats, étonna le mandarin, qui donna ordre de lui ôter sa chaîne et de le faire asseoir.

Cependant l’assesseur Kio-Tchin ayant appris qu’on avait laissé un missionnaire dans la maison, fit éclater