Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/276

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comme le P. Semedo ne pouvait marcher, on l’y porta sur une table. Le persécuteur prononça que, bien qu’ils eussent encouru la peine capitale pour avoir prêché une religion-nouvelle à la Chine, néanmoins l’empereur, dans sa bonté, leur accordait la vie, se contentant de leur faire appliquer à chacun dix coups de bâton et de les renvoyer dans leur pays. Semedo raconte avec simplicité que la bastonnade lui fut épargnée à cause du mauvais état de sa santé. « La maladie extrême du P. Semedo, dit-il, l’exempta de ces coups ; mais le P. Vagnon les reçut si rudement, qu’il en fut plus d’un mois incommodé sans pouvoir guérir ses playes. Ensuite de la mesme sentence on exécuta nostre maison, nos meubles, et particulièrement nos livres, les exécuteurs criant que nous étions indignes de porter le nom de lettrés. Puis on nous mit dans une cage de bois fort estroite, dont on se sert pour transporter les criminels condamnez à mort d’un lieu à l’autre, avec une chaisne au col, les fers aux mains, les cheveux longs, les habits mal adjustez, en témoignage que nous estions des estrangers et des barbares, et, ainsi renfermez comme des bestes, on nous porta le trentiesme d’avril de la prison à un tribunal, pour faire sceller nos cages du sceau de l’empereur…

« Je ne sçaurais dire le bruict que faisoient avec leurs chaisnes de fer les sergens et les autres officiers qui nous conduisoient. Il me suffit de vous représenter qu’on portoit devant nous trois grands écriteaux, avec la sentence de l’empereur, escrite en grosses lettres, qui défendoit à tous les Chinois d’avoir aucun commerce avec nous ; et qu’en cet équipage nous sortismes de Nanking, renfermez dans nos cages l’espace