Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/278

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coadjuteurs, Chinois de naissance, et à ce titre non compris dans la sentence de bannissement, continuèrent d’habiter le local assigné par l’empereur pour la sépulture des missionnaires et où reposaient les restes du P. Ricci ; ce n’est pas que l’eunuque et les bonzes, anciens propriétaires de cet établissement, ne fissent tous leurs efforts pour y rentrer ; ils accablèrent d’avanies les frères coadjuteurs, mais le docteur Paul était là pour les protéger ; il fit valoir l’inviolabilité de la donation impériale et surtout le respect que l’on doit aux tombeaux ; cette pieuse destination de la maison et du jardin fit échouer toutes les entreprises des bonzes et des eunuques.

La résidence de Han-Tcheou-Fou, la dernière que les jésuites eussent fondée jusque-là, fut pour eux le port le plus sûr au milieu de cette tempête. On sait que le docteur Michel avait courageusement offert aux missionnaires de les recevoir dans sa maison en cas de persécution. Plusieurs allèrent y chercher une retraite, et lorsque la sentence de bannissement fut publiée, ils sortirent en plein jour accompagnés des principaux chrétiens, afin de montrer qu’ils obéissaient à l’ordre de l’empereur ; mais ils rentrèrent bientôt après en secret et retrouvèrent dans la maison de leur généreux néophyte un asile avec une chapelle pour la célébration des saints offices. Aux environs de Schang-Hai, le docteur Paul donna également l’hospitalité à d’autres missionnaires. On avait voulu frapper les pasteurs afin de disperser le troupeau plus facilement ; mais, comme aux premiers temps du christianisme, la ferveur des apôtres et des fidèles triompha de la méchanceté des persécuteurs.