Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/285

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Ceux-ci se prosternaient devant lui et lui baisaient les pieds avec un profond respect. »

Après avoir franchi plusieurs montagnes, dont quelques-unes étalaient toutes les magnificences d’une luxuriante végétation, la caravane arriva à Sirinagar. Les autorités de cette ville se préoccupèrent de la présence du P. d’Andrada, qui n’avait ni le train ni les allures d’un marchand. On lui fit subir un interrogatoire sévère, pour savoir d’où il était et quel était le but de son voyage. Le missionnaire déclara qu’il était Portugais et qu’il allait dans le Thibet à la recherche d’un de ses frères qui, depuis plusieurs années, s’était égaré par delà les montagnes neigeuses (l’Himalaya). En visitant son bagage, on trouva des soutanes noires, ce qui fut un grand sujet d’étonnement pour des hommes qui n’usent pas d’habits de cette couleur et de cette forme. Mais leurs soupçons se dissipèrent lorsque le missionnaire leur eut expliqué qu’il avait préparé des vêtements de deuil à la mode de son pays, pour le cas où il aurait le malheur d’apprendre la mort de son frère. « Ils ajoutèrent foi à nos discours, dit d’Andrada, et nous laissèrent aller au bout de cinq jours[1]… »

À mesure que les voyageurs avançaient, le sol s’élevait toujours et la température devenait de plus en plus formidable. Ils traversèrent plusieurs fois des bras du Gange au moyen de ponts en corde, sur lesquels ils devaient se laisser glisser, au risque de se précipiter dans des abîmes ; bientôt ils gagnèrent des montagnes entièrement recouvertes d’épaisses couches

  1. Relations, p. 9.