Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/284

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le missionnaire, nous avions sous les yeux des gentils qui bravaient ces difficultés pour honorer leurs dieux. Parmi eux il s’en trouvait plusieurs avancés en âge, qui se traînaient sur la route, et dont l’exemple nous invitait à vaincre tous ces obstacles pour un bien autre motif que le leur…[1] »

Ces courageux pèlerins cheminaient ordinairement l’un après l’autre, car le sentier trop étroit ne leur permettait pas de marcher deux de front. Lorsque celui qui était en tête de la colonne rencontrait un danger, il prononçait à haute voix et en chantant le nom de la pagode qu’on allait visiter, et cette invocation était répétée successivement par tous les voyageurs. Ces contrées montagneuses étaient en général dépourvues d’habitants. On ne rencontrait dans les défilés que des troupeaux de yaks sauvages et des daims musqués qui exhalaient en fuyant les fortes émanations de leur énergique parfum. De temps en temps on apercevait aussi dans de profonds ravins des temples bouddhiques placés dans les sites les plus pittoresques, et dont les richesses étonnèrent le P. d’Andrada. Les lamas attachés au service de ces temples fixèrent aussi son attention mais il s’en faut bien qu’il les trouvât d’aussi belle apparence que les pagodes. « Leur mine seule, dit-il, annonçait qu’ils étaient ministres de Satan. Nous en vîmes un entre autres déjà fort vieux, avec les ongles et les cheveux énormément longs et une moustache affreuse. Cet être monstrueux, immobile comme une statue, recevait tous les hommages des pèlerins sans ouvrir la bouche.

  1. Relation, p. 4.