Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/302

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fisamment instruit, il veut se faire baptiser et embrasser la religion chrétienne[1]. »

Ce prince, en effet, manifestait ouvertement son inclination pour la nouvelle doctrine et sa sympathie pour les missionnaires. Lorsque ceux-ci commencèrent la construction de leur église, ils firent une grande cérémonie pour la pose de la première pierre. Ce fut le roi lui-même qui présida à cette fête inusitée parmi les Thibétains. Ces manifestations publiques ne manquèrent pas d’alarmer les lamas. Ils tinrent une assemblée générale, où deux des principaux membres de la hiérarchie lamaïque, dont l’un était le frère même du roi et l’autre son oncle, furent chargés, au nom de la religion de Bouddha, d’user de leur influence pour le détourner du christianisme et lui faire abandonner sa résolution de recevoir le baptême. Ils lui représentèrent combien il serait honteux que des étrangers, arrivés dans le pays depuis quelques mois seulement, pussent le déterminer à quitter les anciennes croyances de la patrie, pour en embrasser de nouvelles qu’il connaissait à peine. Ils s’appliquèrent surtout à lui faire envisager les graves dangers auxquels sa conduite ne manquerait pas d’exposer ses États ; étant déjà en guerre avec plusieurs petits rois voisins, il avait à craindre d’irriter ses propres sujets et de soulever contre lui la classe nombreuse des lamas, dont l’influence sur l’esprit des grands et du peuple était irrésistible.

Les menaces d’une révolution générale ne parurent nullement ébranler la résolution du roi. Les lamas,

  1. Relation, etc., p. 62.