Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/36

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Chinois les traitements les plus rigoureux qu’on eût pu faire subir à l’ambassadeur. Les historiens portugais disent qu’il périt en prison ; mais il est certain qu’il en sortit, après avoir été soumis, ainsi que douze de ses compagnons, à des tortures si cruelles que cinq en moururent. Les autres furent bannis séparément en différentes parties de l’empire. Pirès, qui était de ce nombre, se maria dans le lieu de son exil, et convertit au christianisme sa femme et les enfants qu’il eut d’elle[1]. Telle fut la destinée du premier ambassadeur européen qui osa se hasarder à entreprendre une négociation avec les Chinois[2].

Cependant, les deux d’Andrada avaient fait sur la côte de Chine de si bonnes opérations mercantiles que les Portugais ne perdirent pas de vue un pays où se trouvaient accumulées tant de richesses. En 1522, il y eut une nouvelle expédition de quatre vaisseaux, sous le commandement de Alphonse de Mello. On se doutait bien que les Chinois, irrités contre les étrangers, leur feraient une mauvaise réception ; c’est ce qui eut lieu en effet. Dès qu’on signala l’arrivée des navires francs, les magistrats de Canton donnèrent l’ordre de les poursuivre à outrance, de n’écouter aucune proposition et de les anéantir corps et biens. Il y eut une bataille navale, et les Portugais ne furent pas heureux. Un de leurs vaisseaux sauta en l’air par le feu qui prit aux poudres ; un autre fut capturé ; et

  1. A. Rémusat, Nouveaux mélanges asiatiques, t. II, p. 205
  2. En 1543 Pinto rencontra en Chine une femme qu’il reconnut pour chrétienne aux premiers mots de l’oraison dominicale qu’elle lui dit en portugais ; c’était une fille de Pirès. (Voyages adventureux, etc., ch. xcxi, p. 418.