Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/40

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Jésus-Christ aux prisonniers, et déposer ainsi, au sein de cette nation infidèle, un germe de la vraie foi.

Le gouverneur de Malacca, ayant réussi à faire échouer l’ambassade, retint Pereira et consentit seulement à ce que son navire fît le voyage de Sancian. François Xavier s’embarqua, et après avoir traversé le détroit de Singapore, il arriva en vue des côtes de Chine. Sancian, île presque inculte et déserte, n’était éloignée de la terre ferme que d’une trentaine de lieues. Durant la saison du commerce, les Portugais avaient l’habitude de se réunir sur le rivage de la mer, ou ils dressaient à la hâte des tentes et des cabanes, avec des rameaux, pour s’abriter contre les ardeurs du soleil. C’était là qu’ils étalaient leurs marchandises, car les Chinois ne leur avaient pas encore permis de construire des maisons sur le territoire du Céleste Empire. Ces demeures de quelques jours étaient abandonnées et détruites aussitôt que la mousson favorable leur permettait de se rembarquer pour les Indes.

Les Portugais de Sancian, ayant appris que leur infatigable et saint missionnaire avait le projet de pénétrer dans l’intérieur de l’empire, cherchèrent à le détourner de ce qu’ils appelaient une dangereuse témérité. Ils lui représentèrent les obstacles insurmontables qu’il rencontrerait pour s’introduire dans un pays dont l’entrée était interdite aux étrangers, sous les peines les plus sévères. Mais aucune considération d’intérêt personnel n’était capable d’ébranler le courage de l’homme de Dieu. Les privations, les souffrances, la prison, les tortures, la mort même, tout cela était peu de chose aux yeux de ce sublime religieux, préoccupé avant tout du salut de ses frères. Un marchand chinois