Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/41

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de Canton avait promis à François Xavier de le conduire dans l’Empire, avec le secours d’une jonque ou il n’y aurait pour matelots que ses propres enfants et quelques personnes de confiance. Il devait lui donner l’hospitalité dans sa maison de Canton pendant quelques jours, et puis l’apôtre s’abandonnerait tout seul aux inspirations de son zèle et à la grâce de Dieu. Les Portugais furent effrayés de ce parti. Comme ils étaient persuadés qu’une tentative si périlleuse échouerait, et qu’alors ils seraient exposés à la colère des autorités chinoises, qui ne manqueraient pas de prendre ce prétexte pour piller leurs marchandises et leur interdire à l’avenir tout commerce avec les habitants de l’empire, ils conjurèrent le saint missionnaire d’abandonner un projet si téméraire, ou du moins de temporiser et d’attendre, pour le mettre à exécution, que la bonne mousson revenue leur permît de lever l’ancre, de repartir pour les Indes et de se mettre ainsi à l’abri de la colère des mandarins.

Déjà tous les navires portugais étaient partis, et Xavier pensait avec délices au bonheur de pénétrer enfin dans cette terre de promission, où il espérait gagner des âmes à Jésus-Christ, au milieu des souffrances et peut-être au prix de son sang. Mais, lorsqu’il n’eut plus à redouter la prudence exagérée de ses compatriotes, un nouveau contre-temps vint entraver son projet et ajourner le départ. Le marchand chinois de Canton qui devait revenir le prendre avec sa jonque, ne paraissait pas, quoique le temps fixé fût déjà écoulé. Xavier, qui n’avait pu encore étudier le caractère chinois, avait commis l’imprudence de payer par avance son conducteur cautonnais. Il lui