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qu’au lieu des deux véritables autorités civile et ecclésiastique de la colonie, on enverrait au vice-roi deux autres personnages, qui joueraient le rôle d’évêque et de gouverneur. Par cette obéissance équivoque et frauduleuse, on parviendrait à mettre à couvert la dignité portugaise et à contenter l’orgueil du vice-roi des deux Kouang.

Le visiteur des jésuites, le P. Valignan, vit dans cette circonstance une excellente occasion pour chercher à s’introduire dans l’intérieur de l’empire. Il fit désigner le P. Michel Roger pour représenter l’évêque, et on envoya à la place du gouverneur un fonctionnaire de la ville nommé Matthieu Pénella. Et afin que ce personnel, qui était un peu frauduleux, pût trouver grâce plus facilement aux yeux du vice-roi, on y joignit de riches présents, auxquels dut contribuer la communauté tout entière des marchands portugais. Car il leur importait grandement d’acheter à tout prix la bienveillance du vice-roi et de l’empêcher de mettre des entraves à leur commerce.

Cette sorte d’ambassade fut reçue à Tchao-King avec la plus grande pompe, c’est-à-dire qu’il y eut de formidables explosions de pétards, une musique assourdissante et une riche exhibition de satellites et de mandarins à globule de toute couleur. Ce splendide appareil était moins pour faire honneur aux représentants des barbares de l’Occident que pour frapper leur imagination par la magnificence de l’Empire Céleste, et leur inspirer une respectueuse épouvante. Le vice-roi les reçut en son palais, avec cette « dignité hautaine » si fortement recommandée aux grands dignitaires dans les occasions solennelles. Ce-