Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/49

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province de Kouang-Tong[1], qui, à cette époque comme aujourd’hui, avait aussi sous sa juridiction la province de Kouang-Si, résidait à Tchao-King-Fou, ville de premier ordre située à l’ouest de Canton[2]. En ce temps, le vice-roi des deux Kouang était un certain Tsing-Tsai, originaire de la province de Fo-Kien. D’une cupidité remarquable, même parmi les Chinois, il s’imagina qu’il lui serait possible de tirer de gros revenus des marchands portugais de Macao, dont on lui avait vanté les incomparables richesses. En conséquence, il envoya un édit à Macao, par lequel il enjoignait à l’évêque et au gouverneur de la ville d’avoir à se présenter incontinent devant son tribunal de Tchao-King, parce qu’il lui était revenu que c’était par eux que les marchands étrangers étaient administrés. L’évêque et le gouverneur trouvèrent qu’une semblable injonction était peu rassurante pour leur personne et très-humiliante pour leur dignité. Cependant, leur établissement, qui ne faisait que de naître, étant tout à fait à la merci des Chinois, il n’eût pas été prudent de considérer cet édit comme non avenu, et de paraître ainsi mépriser l’autorité du vice-roi. Que faire en cette conjoncture si embarrassante ? par quel moyen sauvegarder à la fois tous les intérêts ? Il paraît que déjà à cette époque les Portugais de Macao avaient assez bien profité à l’école du peuple fin et rusé avec lequel ils se trouvaient en contact. L’évêque et le gouverneur cherchèrent à se tirer d’embarras par un procédé tout à fait chinois. Il fut convenu

  1. Les Européens ont fait Canton de ce nom chinois.
  2. Kouang-Tcheou-Fou en chinois.