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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/57

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plus considérable. Cette nouvelle, on peut le penser, fut comme un coup de foudre pour les religieux. Le vice-roi leur faisait remettre, pour les consoler, une patente par laquelle il était enjoint aux magistrats de Canton de leur donner un domicile dans la ville. Mais de quelle valeur pouvait être aux yeux des mandarins de Canton une patente d’un gouverneur destitué ? Les missionnaires, cependant, accueillirent avec amour cette lueur d’espérance. Ils s’embarquèrent sur une jonque marchande et descendirent le cours du Tigre jusqu’à Canton, où, comme ils l’avaient pressenti, on ne fit aucun cas de la patente du vice-roi ; il ne leur fut pas même permis de mettre pied à terre. Contraints de continuer leur route, ils arrivèrent à Macao, accablés de douleur, mais résignés à attendre, dans la retraite, qu’il plût à la Providence d’ouvrir de nouveau les portes de l’empire chinois à la lumière de l’Évangile.

Il est d’usage en Chine de conserver dans les archives des tribunaux les édits émanés des grands mandarins, et d’écrire au bas s’ils ont été exécutés ou non. Le nouveau gouverneur des deux Kouang, quelques jours après avoir pris possession de son poste, trouva, en parcourant les archives, l’édit qui avait été adressé par son prédécesseur aux magistrats de Canton pour leur donner ordre de laisser s’établir dans la ville les religieux européens. Cet édit était aux archives sans annotation, et par conséquent il était impossible de savoir s’il avait été exécuté. Le vice-roi fit écrire aux mandarins de Canton, qui n’avaient aucune connaissance de l’édit ; ceux-ci prirent des informations auprès du préfet de Hian-Chan (la Montagne des Parfums),