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tientés fondées au prix d’immenses sacrifices par les religieux des ordres de Saint-François et de Saint-Dominique, assez florissantes dès l’origine, ne jetèrent jamais sur ce sol ingrat des racines profondes et capables de résister aux persécutions. Ces peuples, aux yeux desquels la lumière de l’Évangile avait un instant brillé de tout son éclat, retombèrent bientôt dans leurs ténèbres et s’égarèrent encore loin du sentier qui mène à Dieu, c’est-à-dire à la vérité et à la vie. Cependant, il faut le reconnaître, les nombreuses tentatives de propagande religieuse, les constants efforts de l’Église pour convertir et civiliser les nations païennes, eurent des résultats qui peut-être n’ont pas été assez remarqués. Les travaux des missionnaires contribuèrent puissamment à préparer les prodigieux développements de la civilisation européenne, et laissèrent en même temps dans l’extrême Orient de curieux souvenirs de la prédication catholique.

Les peuples de la haute Asie étaient demeurés pendant de longs siècles complétement inconnus à l’Occident. Le monde romain ne soupçonnait pas même qu’il existât au fond de cet Orient mystérieux un empire immense, semé de grandes et riches cités, avec d’innombrables habitants très-avancés dans les arts, l’industrie, l’agriculture et le commerce. Ainsi, deux systèmes de civilisation s’étaient établis aux deux extrémités de l’ancien continent ; ils avaient grandi et s’étaient développés depuis des siècles sans communication, sans influence mutuelle. Chacun exploitait et faisait valoir son propre fonds. Mais voilà que tout à coup des guerres gigantesques, inouïes, mettent en contact ces deux grands corps. L’expansion prodi-