Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/7

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gieuse des races tartares fait déborder les vieilles civilisations de l’Asie vers l’Occident, en même temps que les croisades vont communiquer à l’Orient les idées nouvelles qui fermentent en Europe.

Il y eut alors une mêlée incroyable ; des communications de tout genre s’établirent entre les descendants de Sem et ceux de Japhet, entre ces enfants d’une même famille qui avaient vécu si longtemps séparés. On fit de part et d’autre de nombreuses tentatives d’alliance et de fusion. Vingt ambassades furent envoyées par les Tartares en Italie, en Espagne, en France, en Angleterre. De leur côté, les princes chrétiens, les papes surtout, firent partir pour les États du grand khan des légations et des missionnaires. Les correspondances furent longtemps très-actives… et, chose singulière ! il ne tint pas aux Tartares qu’une coalition cimentée entre eux et les croisés ne ruinât pour toujours la puissance de l’islam en Europe et en Asie.

Les rapports officiels et les entrevues solennelles des ambassades ne furent pas les seules occasions qui mirent en communication des peuples jusque-là étrangers les uns aux autres. Il y eut des rapprochements plus obscurs et peut-être plus efficaces ; ce furent comme des courants, des infiltrations cachées qui s’établirent par les voyages d’une foule de particuliers, entraînés aux deux extrémités du monde, à la suite des envoyés et des armées. On vit des Mongols à Rome, à Paris, à Avignon, à Londres, à Barcelone et dans plusieurs autres villes importantes de l’Europe. Les Francs, comme on disait à cette époque se trouvèrent transportés à d’immenses distances des lieux qui