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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/65

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de Ku-Ny-Ko, où il eut la consolation de voir que le grain évangélique, déposé depuis si peu de temps sur cette terre de bénédiction, avait heureusement germé et promettait une multiplication abondante. Le jeune bachelier, après avoir salué les missionnaires avec les plus grandes marques de respect et de sympathie, les conduisit dans une salle ornée à la fois avec élégance et simplicité. C’était là qu’il avait érigé l’autel qu’on lui avait laissé en dépôt. À défaut de saintes images, il avait placé au-dessus un tableau où on lisait les deux grands caractères chinois Tien-Tchou, c’est-à-dire Seigneur du ciel. Aux deux côtés de l’autel et sur le devant on voyait une profusion de beaux vases à fleurs et des cassolettes en bronze où brûlaient des parfums exquis. C’était dans ce petit oratoire que Ku-Ny-Ko venait tous les jours se prosterner et adresser quelques prières à ce Dieu qui ne lui était plus inconnu, et qu’il adorait déjà en esprit et en vérité. À la vue de ce touchant témoignage de la foi du fervent catéchumène, car on pouvait bien lui donner ce nom, les missionnaires ne purent retenir leurs larmes, et tombèrent à genoux pour bénir le Seigneur de ce qu’il y avait enfin un adorateur du vrai Dieu au milieu de ce peuple innombrable, plongé dans les ténèbres du scepticisme et de l’idolâtrie.

Nous avons déjà dit que le gouverneur de Tchao-King avait invité les jésuites à choisir eux-mêmes le lieu où ils désiraient construire une église. En ce temps-là, on élevait aux environs de la ville une de ces tours qu’on rencontre si fréquemment sur toute la surface de l’empire et qui sont, avec les pagodes, les seuls monuments de l’architecture chinoise. À peu de distance