Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/64

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à cause du tracas et du tumulte perpétuel auxquels donne lieu l’activité commerciale. Le gouverneur de Tchao-King était doué d’une nature bonne et généreuse. Il fut flatté de voir ces deux religieux étrangers venus des extrémités du monde pour avoir le bonheur de séjourner sur le sol de l’empire. Il leur promit de les prendre sous sa protection et les invita à examiner, dans la ville ou aux environs, l’emplacement qui serait le plus à leur convenance.

Pendant qu’ils s’occupaient de l’organisation de cette mission, les religieux logeaient dans une famille de la cité, nommée Ny-Ko. Durant leur premier séjour à Tchao-King, les jésuites avaient fait connaissance avec plusieurs Chinois de distinction que la curiosité attirait chez eux. Le P. Roger s’était particulièrement lié d’intimité avec un jeune bachelier nommé Ku-Ny-Ko, dont les qualités du cœur et de l’intelligence lui avaient paru remarquables. Il s’était appliqué à l’instruire des vérités de la religion chrétienne, qui faisaient une telle impression sur l’esprit du prosélyte que celui-ci n’avait pas tardé à prendre l’habitude de réciter avec foi et recueillement quelques courtes prières que le père lui avait enseignées. Les jésuites, à cette époque, avaient avec eux un autel portatif, sur lequel ils célébraient le saint sacrifice de la messe dans une salle que le bachelier Ku-Ny-Ko avait mise à leur disposition. Lorsqu’ils furent obligés d’abandonner la ville pour retourner à Canton, ils avaient laissé l’autel dans cette famille, qu’ils considéraient déjà comme les prémices de la chrétienté de Chine.

Aussitôt que le P. Roger fut de retour à Tchao-King, il se rendit avec empressement dans la maison