Aller au contenu

Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup de grâce. La beauté du bastiment estoit aussi aidée par la situation du lieu fort agréable et délicieux. Car, d’iceluy on pouvoit voir tous les bastimens du long de la rivière, toute sorte de vaisseaux et tout ce qui paroissoit au delà des montagnes et des bois. C’est pourquoi chacun croyoit qu’il n’y avoit en toute la ville aucun lieu plus plaisant, lequel aussi estoit embelli de la nouveauté des choses d’Europe qui attiroit un chascun pour les voir. Pourquoy nostre maison estoit tous les jours fréquentée par les plus grands mandarins, non-seulement de la ville, mais aussi de la province qui venoient souvent vers leur vice-roy ce qui apportoit de l’autorité aux nostres, et aux Chinois du profit, et peu à peu du désir de cognoistre nostre religion…[1] »

Ces premiers succès des missionnaires causaient une grande joie et une vive émotion parmi les étrangers résidant à Macao. La nouvelle de ces heureux commencements se répandit vite sur tous les points de l’extrême Orient où il y avait des Européens, et surtout aux îles Philippines, où les Espagnols possédaient déjà une si belle et si riche colonie. Le gouverneur de Manille, désireux de nouer avec la Chine des relations commerciales, eut la pensée d’envoyer à Péking, au nom de Sa Majesté Catholique, une ambassade solennelle. En conséquence, il fit agir les religieux dominicains de Manille auprès des jésuites de Macao et surtout de Tchao-King, afin de profiter de leur influence pour obtenir des autorités chinoises les autorisations nécessaires à cette ambassade. Les négo-

  1. Trigault, p. 155.