Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/92

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Le P. Roger, non content de s’être établi à Han-Tcheou-Fou, profita d’une occasion pour faire un voyage dans la province du Hou-Kouang, où il jeta les fondements d’une nouvelle mission, non loin d’un fameux pèlerinage bouddhiste nommé Ou-Tan, qui attirait à diverses époques de l’année un nombreux concours de peuple. Ainsi les missionnaires avaient déjà planté des jalons de christianisme dans trois provinces de l’empire, dans le Kouang-Si, le Tche-Kiang et le Hou-Kouang. Leur réputation allait grandissant de jour en jour, et tout faisait présager de consolants succès, après tant d’infructueuses tentatives. L’Occident tressaillait d’allégresse et adressait à Dieu des solennelles actions de grâce, en recevant ces heureuses nouvelles de la mission de Chine. Le pape Sixte V accorda un jubilé à la Compagnie de Jésus, et le P. Aquaviva, général de l’ordre, écrivit aux religieux de Macao des lettres de félicitation et d’encouragement, en promettant aux ouvriers apostoliques de l’extrême Orient les aumônes et les prières de l’Europe. Il leur envoyait en même temps des tableaux divers objets de dévotion et plusieurs horloges, dont l’ingénieux mécanisme ravissait les Chinois d’admiration.

Au moment où tous ces témoignages d’intérêt arrivaient en Chine, les missionnaires étaient obligés d’abandonner le terrain si péniblement conquis. Leurs protecteurs et leurs amis du Tche-Kiang et du Hou-Kouang se refroidirent peu à peu. Ils eurent bientôt peur de s’être compromis en accueillant si bien des étrangers ; et finirent par les contraindre d’abandonner leur position. Ils durent donc se replier sur Tchao-