Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/91

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Le gouverneur de Tchao-King qui avait été si favorable aux missionnaires, fut élevé à une dignité supérieure. Il eut pour successeur Ling-Si-Tao, haut fonctionnaire de la même ville, dont les relations avec le P. Roger avaient été pleines d’intimité. Comme, selon l’usage, il devait faire un voyage à Péking avant d’entrer en fonction, il proposa au P. Roger de l’emmener et de le conduire jusqu’à Han-Tcheou-Fou, dans la province de Tche-Kiang. Le P. Roger accepta avec empressement une proposition qui peut-être allait lui permettre de fonder une nouvelle mission dans l’intérieur de l’empire. Le P. d’Almeida, qui avait été prévenu de ce voyage, se trouva à Canton lors de leur passage et fut aussi emmené par Ling-Si-Tao.

Le 23 janvier 1586, ils arrivèrent à Han-Tcheou-Fou. Le père de Ling-Si-Tao donna l’hospitalité aux deux missionnaires, qui disposèrent une de leurs chambres en chapelle. Les plus grands mandarins les invitèrent à leur table, et tous les jours ils expliquaient la doctrine chrétienne dans leur modeste oratoire. Les bonzes eux-mêmes témoignèrent des égards aux religieux, à qui ils demandaient de l’eau bénite ; car, selon une tradition conservée dans le pays, il y avait eu autrefois un pieux personnage qui, en parcourant la Chine, donnait une eau sainte avec laquelle il guérissait les malades et opérait de nombreux miracles. On voit que le souvenir des anciens apôtres de la Chine ne s’était pas entièrement effacé. Les religieux eurent la consolation de conférer le baptême au père de Ling-Si-Tao, vieillard de soixante-dix ans, qu’ils avaient suffisamment instruit des principes du christianisme.