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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/96

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instruits, les missionnaires furent obligés de convenir qu’ils avaient été dévalisés par un de leurs convertis, et un mandat d’arrêt fut lancé contre Martin, qui se tenait caché à Canton. On s’empara de lui et on le ramena chargé de chaînes à Tchao-King pour lui faire subir son jugement. Ce mauvais sujet fit distribuer de toute part, en arrivant dans la ville, des libelles diffamatoires, dans lesquels il accusait les missionnaires des crimes les plus infâmes. Le jugement, comme on devait s’y attendre, mit en émoi toute la population de Tchao-King, et l’avenir de la mission eût été entièrement compromis, si Dieu n’eût permis que le magistrat réussit à démêler la vérité. Au milieu des plus affreuses intrigues, Martin fut amplement fustigé à coups de bambou et condamné à une prison perpétuelle, avec le supplice de la cangue. Les missionnaires implorèrent instamment la clémence du juge, et cette conduite si généreuse étonna les Chinois et excita leur admiration… mais ce ne fut pas pour longtemps.

Il est bien triste et bien pénible de le dire, mais ce furent les néophytes de Tchao-King qui troublèrent de nouveau la mission et soulevèrent contre elle la multitude. La mort de Martin leur avait fait perdre tout espoir de recouvrer l’argent qu’ils lui avaient prêté. Dans leur désolation, ils s’en prirent aux missionnaires, et répandirent dans le public des libelles où on leur reprochait de s’être introduits clandestinement dans l’empire et de causer la ruine du pays. On faisait un appel à la corporation des lettrés, afin d’accuser officiellement les jésuites devant les tribunaux et de demander leur expulsion.

On était dans ces fâcheuses circonstances, lorsque