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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/98

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de Sande, désespérant de la mission de Tchao-King s’en retourna à Macao.

La position des jésuites en Chine était en effet on ne peut plus précaire. La sécurité et l’avenir de leur mission étaient uniquement appuyés sur la protection de quelques mandarins. Ceux-ci n’avaient qu’à changer de poste, ce qui devait tôt ou tard arriver, ou bien encore modifier leurs sentiments de bienveillance, et tout était perdu ; car les missionnaires avaient contre eux les lois fondamentales de l’empire, qui leur interdisaient l’entrée et surtout le séjour dans l’intérieur. Aussi ils étaient journellement exposés à voir disparaître et s’évanouir à l’instant le fruit de plusieurs années de sollicitude et de labeurs. Afin de travailler à la conversion des Chinois avec espoir d’un succès durable, il leur était donc nécessaire d’avoir chez eux une existence régulièrement établie, qui ne fût pas toujours à la merci de chaque événement et de tous les persécuteurs de bas étage. La mission catholique devait être connue et approuvée à Péking par le gouvernement de l’empereur. Les jésuites réunis à Macao tinrent conseil à ce sujet et furent unanimement d’avis d’obtenir du saint-siége une légation apostolique pour la Chine. On espérait que par le moyen de cette ambassade officielle il serait ensuite facile de fonder la mission sur des bases plus stables et plus solides.

Le P. Roger, mieux instruit que les autres missionnaires des mœurs de la Chine, où il avait longtemps demeuré, fut chargé d’aller négocier à Rome cette affaire importante. Il s’embarqua donc à Macao et arriva heureusement à Lisbonne ; de là il se rendit à