Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/99

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Madrid, pour intéresser le roi Philippe II à cette grande entreprise. Mais à Rome il éprouva des retards interminables causés par le décès de deux ou trois papes. Ce zélé missionnaire, épuisé par tant de travaux et de fatigues, alla terminer sa laborieuse carrière à Salerne, dans le royaume de Naples.

Le P. Ricci, resté longtemps seul dans sa mission de Tchao-King, sut, par sa prudence et son affabilité, calmer les agitations précédentes et réparer le mal qui avait été fait. Ses connaissances en physique et en mathématiques le rendaient recommandable aux yeux des Chinois, et surtout des lettrés, qui se faisaient un honneur d’aller le visiter et d’entretenir avec lui des relations d’amitié. Il avait arrangé dans l’intérieur de la maison une horloge qui sonnait les heures. Le son de ces cloches, qui se faisaient régulièrement entendre à une grande distance, excitait l’admiration de tous les habitants de la contrée. Ils étaient fiers d’avoir chez eux une si merveilleuse machine, et ils ne manquaient jamais de témoigner leur respect au grand lettré de l’Occident, dont le génie avait combiné avec tant de succès tous ces divers rouages. Le P. Ricci mettait à profit les bonnes dispositions de ses admirateurs pour les amener à la connaissance de la foi chrétienne. Le P. d’Almeida, déjà désigné pour la mission de Chine et qui attendait depuis longtemps à Macao, crut devoir profiter de cet instant de calme et de sécurité pour aller joindre le P. Ricci et l’aider dans ses travaux apostoliques. Il se rendit donc à Tchao-King ; mais à peine y fut-il arrivé que l’horizon devint sombre et fit présager un nouvel orage.