Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/44

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lation dans de vastes contrées ; il se voit bientôt suivi de gens sans aveu qui arrivent par milliers, et alors le pays qui est assigné devient le théâtre des plus grands crimes. Pendant que quelques-uns s’occupent de l’exploitation de la mine, les autres vont exercer leur brigandage dans les alentours ; ils ne respectent ni les propriétés, ni les personnes ; et se portent à des excès qui surpassent tout ce qu’on peut imaginer ; le désordre dure jusqu’à ce que leur audace se soit adressée à quelque mandarin assez courageux et assez puissant pour les écraser.

Des calamités de ce genre ont souvent désolé le pays de Gechekten ; mais rien n’est comparable à ce qui eut lieu dans le royaume de Ouniot en 1841. À cette époque, un Chinois, regardeur de mines d’or, se transporta sur une montagne, et après avoir constaté la présence du métal qu’il cherchait, il fit appel à ses compatriotes. Aussitôt les bandits et les vagabonds accoururent de toute part jusqu’au nombre de douze mille ; cette hideuse armée subjugua en quelque sorte le pays, et y exerça en toute liberté, son brigandage pendant deux ans. La montagne presque tout entière passa au creuset ; l’or en fut extrait en si grande quantité, qu’en Chine sa valeur diminua tout à coup de moitié. Les habitants de ces contrées portèrent en vain leur plainte aux mandarins Chinois ; ceux-ci, ne voyant aucun profit à se mêler de cette affaire, refusèrent d’y porter remède, Le roi de Ouniot n’osa pas non plus se mesurer avec ces brigands dont le nombre augmentait toujours davantage.

Un jour la reine, se rendant à la sépulture de ses ancêtres, fut obligée de traverser le vallon où se trouvait