Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la caisse la somme désignée. En général, les restaurateurs chinois sont aussi habiles que ceux d’Europe pour exciter la vanité des convives, et pousser à la consommation des vivres.

Deux motifs nous avaient engagés à diriger d’abord notre marche vers Tolon-Noor. En premier lieu, nous avions à y faire quelques achats pour compléter nos ustensiles de voyage. De plus, il nous paraissait nécessaire de nous mettre en rapport avec les Lamas du pays, et de prendre des renseignements sur les points les plus importants de la Tartarie.

Les petites provisions que nous avions à faire nous fournirent l’occasion de parcourir les divers quartiers de la ville. Tolon-Noor (Sept-Lacs) est appelé par les Chinois Lama-Miao, c’est-à dire, Couvent-de-Lamas. Les Mantchoux la nomment Nadan-Omo, et les Thibétains, Tsot-Dun. Ces noms ne sont que la traduction de Tolon-Noor, et veulent dire également Sept-Lacs. Sur la carte publiée par M. Andriveau-Goujon[1], cette ville est appelée Djo-Naiman-Soumé en mongol, Cent-Huit-Couvents. Nous avons inutilement cherché d’où pouvait lui venir ce nom, que personne ne lui donne dans le pays.

Tolon-Noor n’est pas une ville murée, c’est une vaste agglomération de maisons laides et mal distribuées. Au milieu de ses rues étroites et tortueuses, on ne voit que bourbiers et cloaques. Pendant que les piétons marchent des deux côtés, à la file les uns des autres, sur un périlleux

  1. (1)A part quelques rares inexactitudes, la carte de l’empire chinois publiée par M. Andriveau-Goujon est excellente. Nous devons déclarer ici qu’elle nous a été d’un grand secours durant notre long voyage.