Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/56

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si on ne le trouve pas à sa fantaisie, ils recommencent jusqu’à ce qu’on leur permette de travailler au moule.

Durant notre séjour à Tolon-Noor, nous eûmes souvent occasion de visiter les lamaseries, et de nous mettre en rapport avec les prêtres idolâtres du bouddhisme. Les Lamas nous parurent peu instruits. En général, leur symbolisme n’est guère plus épuré que les croyances du vulgaire. Leur doctrine est toujours indécise et flottante au milieu d’un vaste panthéisme dont ils ne peuvent se rendre compte. Quand nous leur demandions quelque chose de net et de positif, ils étaient toujours dans un embarras extrême, et se rejetaient les uns sur les autres. Les disciples nous disaient que leurs maîtres savaient tout ; les maîtres invoquaient la toute-science des grands Lamas ; les grands Lamas eux-mêmes se regardaient comme des ignorants à côté des saints de certaines fameuses lamaseries. Toutefois, disciples et maîtres, grands et petits Lamas, tous s’accordaient à dire que la doctrine venait de l’Occident ; ils étaient unanimes sur ce point. Plus vous avancerez vers l’Occident, nous disaient-ils, plus la doctrine se manifestera pure et lumineuse. Quand nous leur avions fait l’exposé des vérités chrétiennes, ils ne discutaient jamais ; ils se contentaient de dire avec calme : Nous autres, nous n’avons pas là toutes les prières. Les Lamas de l’Occident vous expliqueront tout, vous rendront compte de tout ; nous avons foi aux traditions venues de l’Occident.

Au reste, ces paroles ne sont que la confirmation d’un fait qu’il est aisé de remarquer sur tous les points de la Tartarie. Il n’est pas une seule lamaserie de quelque importance, dont le grand Lama ou supérieur ne soit un