Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/71

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séparé, et possède une espèce de tribunal, nommé Nourou-Tchayn, préposé à la connaissance des affaires qui peuvent survenir dans la bannière. Outre ce tribunal, dans chacune des huit bannières, il y a un chef appelé Ou-Gourdha. Enfin, parmi ces huit Ou-Gourdha, on en choisit un, qui est en même temps gouverneur-général des huit bannières. Tous ces dignitaires sont établis et soldés par l'empereur de Chine. Au fond, le Tchakar n'est qu'un vaste camp, où stationne une armée de réserve. Afm sans doute que cette armée soit toujours prête à marcher au premier signal, il est sévèrement défendu à ces Tartares de cultiver la terre. Ils doivent vivre de leur solde et du revenu de leurs troupeaux. Tout le terrain des huit bannières est inaliénable. Quelquefois il arrive qu'on en vend aux Chinois ; mais toujours la vente est déclarée nulle et invalide par les tribunaux.

C'est dans les pâturages du Tchakar, que se trouvent les nombreux et magnifiques troupeaux de l'Empereur. Ces troupeaux se composent de chameaux, de chevaux, de bœufs et de moutons. Il y a trois cent soixante troupeaux, qui contiennent chacun douze cents chevaux. D'après ce nombre, il est facile d'évaluer l'innombrable multitude d'animaux que possède l'Empereur. Un Tartare, décoré du globule blanc, est préposé à la garde de chaque troupeau, A de certaines époques, les inspecteurs généraux viennent en faire la visite ; et, s'ils trouvent un déficit dans le nombre, le berger en chef est tenu de compléter le troupeau à ses frais. Malgré cette mesure, les Tartares ne se font pas faute d'exploiter, à leur profit, les richesses du Saint-Maître ; ils ont recours à un échange frauduleux. Quand